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dans l’Etat du Comte de Saint-Second, trente milles. Je fus bien content quand je me vis délivré de ces frippons de montagnards qui rançonnent impitoyablement les voyageurs sur la dépense de la table & sur celle des chevaux. On me servit à table différens ragoûts à la moutarde, fort bons ; il y en avoit un, entr’autres, fait avec des coings. Je trouvai ici grande disette de chevaux de voiture. Vous êtes entre les mains d’une nation sans regle & sans foi à l’égard des étrangers. On paye ordinairement deux jules par cheval chaque poste ; on en exigeoit ici de moi trois, quatre & cinq par poste, de façon que tous les jours il m’en coutoit plus d’un écu pour le louage d’un cheval,