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maneuvres & homes qui vivent du travail de leurs meins. En chemin je trouvai, quand j’y vins, plusieurs troupes d’homes de villages qui venoint des Grisons & de la Savoïe, gaigner quelque chose en la saison du labourage des vignes & de leurs jardins ; & me dirent que tout les ans c’etoit leur rante. C’est une ville toute cour & toute noblesse : chacun prant sa part de l’oisifveté ecclesiastique. Il n’est nulle rue marchande, ou moins qu’en une petite ville ; ce ne sont que palais & jardins. Il ne se voit nulle rue de la Harpe ou de St. Denis ; il me samble tousiours estre dans la rue de Seine, ou sur le cai des Augustins à Paris. La ville ne change guiere de forme pour un jour ouvrier ou jour de feste. Tout le Caresme il se faict des stations ; il n’y a pas moins de presse un jour ouvrier qu’un autre. Ce ne sont en ce