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s causes criminelles. Je fis entendre à celui ci qu’il me paroissoit à propos que la Seigneurie mît ici quelque regle, ce qui seroit très facile, & je lui suggérai même les moyens qui me sembloient les plus convenables. C’étoit que tous les Marchands qui viennent en grand nombre prendre de ces eaux, pour les porter dans toute l’Italie, fussent munis d’une attestation de la quantité d’eaux dont ils sont chargés ; ce qui les empêcheroit d’y commettre aucune fraude, comme j’en avois fait l’experience de la maniere que voici. Un de ces muletiers vient trouver mon hôte qui n’est qu’un particulier, & le prie de lui donner une attestation par écrit, comme il porte vingt quatre charges de cette eau, tandis qu’il n’en avoit que quatre. L’hôte refusa d’abord d’attester une pareille fausseté ; mais le muletier répondit que dans quatre ou six jours il reviendroit