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que le voilà, aveq quelques autres Turcs, attrapé par le Peuple qui s’etoit soublevé. Il s’avise soudein de dire qu’il s’estoit venu randre à esciant, qu’il estoit Chrétien, fut mis en liberté quelques jours après, vint en ce lieu, & en la maison qui est vis à vis de cele où je loge : il entre, il rancontre sa mere. Elle lui demande rudemant qui il etoit, ce qu’il vouloit : car il avoit encore ses vestemans de Matelot, & étoit estrange de le voir là. Enfin il se faict conètre : car il etoit perdu despuis dix ou douse ans, ambrasse sa mere. Elle aïant faict un cri, tumbe toute éperdue, & est jusques au landemein qu’on n’y conessoit quasi pouint de vie, & en étoint les Medecins du tout désesperés. Elle se revint enfin & ne vescut guiere depuis, jugeant chacun que cete secousse lui acoursit la vie. Nostre Giuseppe