Page:Montaigne - Journal du Voyage en Italie, 1774, vol1.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xxiii
Préliminaire.

Quand le goût particulier de Montaigne, pour promener ſa Philoſophie, ſeroit moins marqué dans ſes Eſſais, la connoiſſance ſinguliére & très-étendue qu’il avoit des hommes, ſuppoſe néceſſairement autant d’action que d’expérience : car on ne devine point les hommes dans la retraite d’un cabinet ; on ne les pénètre qu’en les approchant, qu’en les voyant même de fort près. Ainſi la paſſion des voyages étoit naturelle à un Philoſophe curieux de connoître d’autres mœurs, et d’autres hommes que ceux qui l’environnoient. Il eſt vrai qu’il fit un peu tard, au moins pour le tems, les voyages dont on donne ici la relation, puiſqu’il avoit 47 ans ; auſſi ſe juſtifie-t-il de les avoir faits marié & vieux.