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VOYAGES

à table, à laquelle M. de Montaigne reſpondit fort long-temps, eſtans deſcouvers les uns & les autres, en preſence de pluſieurs Allemans & François qui eſtoint au poiſle avecques eus. L’hoſte leur ſervit de truchement. Les vins y ſont fort bons. Nous y viſmes de ſingulier la maiſon d’un médecin nommé Fœlix Platerus, la plus pinte & enrichie de mignardiſes à la Françoiſe qu’il eſt poſſible de voir ; laquelle ledit médecin a batie fort grande, ample & ſumptueuſe. Entre autres choſes, il dreſſe un livre de ſimples qui eſt des-ja fort avancé[1] ; & au lieu que les autres font pindre les herbes ſelon leurs coleurs, lui a trouvé l’art de les coler toutes naturelles ſi proprement ſur le papier, que les moindres feuilles & fibres y ap-

  1. On a de ce Médecin Suiſſe un aſſez grand nombre d’ouvrages ; mais nous ne connoiſſons rien de lui ſur les Plantes.