en même maison, un an, sans être aperçu. Et quand la saison en est, oh fait venir des lettres lointaines, piteuses, suppliantes, pleines de promesses de mieux faire, par où on le remet en grâce. Monsieur fait-il quelque marché ou quelque dépêche qui déplaise ? on la supprime, forgeant, tantôt après, assez de causes pour excuser la faute d’exécution ou de réponse. Nulles lettres étrangères ne lui étant premièrement apportées, il ne voit que celles qui semblent commodes à sa science. Si, par cas, d’aventure il les saisit, ayant en coutume de se reposer sur certaine personne de les lui lire, on y trouve sur-le-champ ce qu’on veut, et fait-on, à tous coups, que tel lui demande pardon, qui l’injurie par même lettre. Il ne voit enfin ses affaires que par une image disposée et desseignée[1], et satisfactoire le plus qu’on peut, pour n’éveiller son chagrin et son courroux. J’ai vu, sous des figures différentes, assez d’économies longues, constantes, de tout pareil effet.
Il est toujours proclive[2] aux femmes de disconvenir à leurs maris ; elles saisissent à deux mains toutes couvertures de leur contraster ; la première excuse leur sert de plénière justification. J’en ai vu une qui dérobait gros à son mari, pour, disait-elle, faire ses aumônes plus grasses. Fiez-vous à cette religieuse dispensation ! Nul maniement ne leur semble avoir assez de dignité, s’il vient de la concession du mari : il faut qu’elles l’usurpent, ou finement, ou fièrement, et toujours injurieusement, pour lui donner de la grâce et de l’autorité. Comme en mon