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NOTICE

Chassaigne, fille d’un conseiller au parlement de Bordeaux. Sa femme, qu’il aimait à la simple façon du vieil âge, lui donna plusieurs enfants, desquels il ne lui resta que Léonore. Il aima cette fille avec la tendresse éclairée et la sévère douceur tant recommandée dans son livre.

C’est dans sa paisible retraite, au château de son père, qu’en 1572 il entreprit la composition des Essais, dont les deux premiers livres parurent en 1580. Il se mit ensuite à voyager, et visita la Suisse, l’Allemagne et l’Italie, espérant que des courses lointaines et les eaux minérales de ces diverses contrées apporteraient quelque soulagement à la maladie de la pierre dont il souffrait depuis longtemps déjà, et qui était héréditaire dans sa famille. La relation qu’il a faite de ce voyage et qu’on n’a imprimée que 180 ans après sa mort, est une suite de détails fastidieux, dans lesquels se rencontrent toutefois quelques morceaux dignes du grand écrivain.

À Rome, il obtint, par l’autorité du saint Père, des lettres de citoyen romain. Il était encore dans cette ville quand il fut élu maire de Bordeaux. Cette charge était la première de la province ; mais notre philosophe, préférant aux honneurs le repos et la jouissance de soi-même, voulut d’abord la refuser ; il fallut un ordre de Henri III, pour le contraindre à l’accepter. Il revint donc à Bordeaux, et par sa sagesse, il préserva cette cité des horreurs de la guerre civile. Pleins de vénération pour