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CHAPITRE XV.

Platon qui dit : « La fermeté, la foi, la sincérité être la vraie philosophie ; les autres sciences et qui visent ailleurs, n’être que fard. » Je voudrais que le Paluël ou Pompée, ces beaux danseurs de mon temps, apprissent des cabrioles à les voir seulement faire, sans nous bouger de nos places, comme ceux-ci veulent instruire notre entendement, sans l’ébranler, ou qu’on nous apprît à manier un cheval, ou une pique, ou un luth, ou la voix, sans nous y exercer ; comme ceux-ci nous veulent apprendre à bien juger et à bien parler sans nous exercer à parler ni à juger. Or, à cet apprentissage, tout ce qui se présente à nos yeux sert de livre suffisant : la malice d’un page, la sottise d’un valet, un propos de table, ce sont autant de nouvelles matières.

À cette cause, le commerce des hommes y est merveilleusement propre, et la visite des pays étrangers, non pour en rapporter seulement, à la mode de notre noblesse française, combien a de pas la Santa rotonda[1], ou combien le visage de Néron, de quelque vieille ruine de là, est plus long ou plus large que celui de quelque pareille médaille ; mais pour en rapporter principalement les humeurs de ces nations et leurs façons, et pour frotter et limer notre cervelle contre celle d’autrui. Je voudrais qu’on commençât à le promener dès sa tendre enfance ; et premièrement, pour faire d’une pierre deux coups, par les nations voisines où le langage est plus éloigné— du nôtre, et auquel, si vous ne la formez de bonne heure, la langue ne se peut plier.

Aussi bien est-ce une opinion reçue d’un chacun que

  1. L’ancien Panthéon, à Rome.