faict part aux femmes et aux enfants. Vous vous conuiez aux rolles, et hazards particuliers, selon que vous iugez de leur esclat, et de leur importance : soldat volontaire : et voyez quand la vie mesme y est excusablement employée,
De craindre les hazards communs, qui regardent vne si grande presse ; de n’oser ce que tant de sortes d’ames osent, et tout vn peuple, c’est à faire à vn cœur mol, et bas outre mesure. La compagnie asseure iusques aux enfans. Si d’autres vous surpassent en science, en grace, en force, en fortune ; vous auez des causes tierces, à qui vous en prendre ; mais de leur ceder en fermeté d’ame, vous n’auez à vous en prendre qu’à vous. La mort est plus abiecte, plus languissante, et penible dans vn lict, qu’en vn combat : les fiebures et les caterrhes, autant douloureux et mortels, qu’vne harquebuzade. Qui seroit faict, à porter valeureusement, les accidens de la vie commune, n’auroit point à grossir son courage, pour se rendre gendarme. Viuere, mi Lucilli, militare est.Il ne me souuient point de m’estre iamais veu galleux. Si est la gratterie, des gratifications de Nature les plus douces, et autant à main. Mais ell’a la penitence trop importunément voisine. Ie l’exerce plus aux oreilles, que l’ay au dedans pruantes, par secousses.Ie suis nay de tous les sens, entiers quasi à la perfection. Mon estomach est commodément bon, comme est ma teste et le plus souuent, se maintiennent au trauers de mes fiebures, et aussi mon haleine. I’ay outrepassé l’aage auquel des nations, non sans occasion, auoient prescript vne si iuste fin à la vie, qu’elles ne permettoyent point qu’on l’excedast. Si ay-ie encore des remises : quoy qu’inconstantes et courtes, si nettes, qu’il y a peu à dire de la santé et indolence de ma ieunesse. Ie ne parle pas de la vigueur et allegresse : ce n’est pas raison qu’elle me suyue hors ses limites :
Cœlestis, patiens latus.
Mon visage et mes yeux me descouurent incontinent. Tous mes changemens commencent par là : et vn peu plus aigres, qu’ils ne sont en effect. Je fais souuent pitié à mes amis, auant que i’en sente la cause. Mon miroüer ne m’estonne pas : car en la ieunesse mesme, il m’est