aussi creux. Plutarque en dit autant de la métaphysique. Épicure y eût ajouté la rhétorique, la grammaire, la poésie, les mathématiques et toutes les autres sciences en général, la physique excepté, Socrate lui aussi, les dédaignait toutes, hors celles traitant des mœurs et de la conduite dans la vie. On pouvait s’enquérir de quoi que ce fût auprès de lui, il arrivait toujours à amener son interlocuteur à un retour sur sa vie présente et sa vie passée qu’il examinait et jugeait, estimant tout autre enseignement subordonné à celui-ci et ne venant qu’en surnombre : « J’aime peu les lettres qui n’ont pas servi à rendre vertueux ceux qui les pratiquent (Salluste). » La plupart des sciences ont donc été tenues en peu de considération par ces grands penseurs qui, toutefois, n’ont pas jugé hors de propos d’y exercer leur esprit, alors même qu’ils n’avaient pas à en retirer un profit sérieux.
On ne sait si Platon était dogmatiste ou sceptique ; ses opinions ont donné naissance à dix sectes différentes. — Au surplus, les uns tiennent Platon pour un dogmatiste ; les autres comme ayant le doute comme principe ; il en est qui le qualifient d’une façon dans certains cas, de l’autre dans d’autres. Le personnage qui toujours a la haute main dans ses dialogues, Socrate, pose constamment des questions, pousse à la discussion, mais jamais n’y met fin et ne conclut ; sa science, de son propre aveu, est uniquement de présenter des objections. Homère, leur précurseur, a été le point de départ de toutes les sectes philosophiques sans distinction, montrant ainsi combien la manière de voir de chacun lui importait peu. On dit que Platon a donné naissance à dix écoles différentes ; à dire vrai, comparée à la sienne, il n’est pas, à mon sens, de doctrine plus indécise et moins affirmative.
Socrate disait que les sages-femmes, en prenant le métier d’aider les autres à engendrer, renoncent pour elles-mêmes à procréer, et qu’il en était de même de lui. Les dieux lui ayant déféré la qualité de sage-homme, il s’était lui aussi, par amour pour l’humanité et la pensée, défait de la faculté d’engendrer, se contentant d’assister ceux qui satisfont à cette loi de nature, et de leur prêter son secours, aidant aux évolutions de l’accouchement, lubréfiant les organes, facilitant la sortie de l’enfant, jugeant de sa conformation, le baptisant, l’élevant, le fortifiant, l’emmaillotant, le circoncisant ; mettant ses propres moyens à la disposition d’autrui, en usant pour le préserver du mal et aider à son bien.
On peut en dire autant de la plupart des philosophes anciens de quelque renom. — Il en est ainsi de la plupart des auteurs de cette troisième catégorie, et les anciens en avaient déjà fait la remarque en ce qui touche les écrits d’Anaxagore, Démocrite, Parménide, Xénophane et autres qui, enquérant plus qu’ils ne se prononcent, donnent de parti pris à leur style la forme dubitative, alors même qu’ils l’entremêlent de formes affirmatives. Cela ne se voit-il pas également dans Sénèque et Plutarque qui, en y regardant de près, parlent d’une même chose, tantôt dans un sens,