aux jointures.
Poursuivons donc, puis que nous y sommes. On lict en Xenophon la
loy
deffendant de voyager à pied à homme qui eust cheval. Trogus et
Justinus disent que les Parthes avoient accoustumé de faire à
cheval non seulement la guerre, mais aussi tous leurs affaires
publiques et privez, marchander, parlementer, s’entretenir et se
promener ; et que la plus notable difference des libres et des serfs
parmy eux, c’est que les uns vont à cheval, les autres à pié :
institution née du Roy Cyrus.
Il y a plusieurs exemples en l’histoire Romaine (et Suetone le
remarque plus particulierement de Caesar) des Capitaines qui
commandoient à leurs gens de cheval de mettre pied à terre, quand ils
se trouvoient pressez de l’occasion, pour oster aux soldats toute
esperance de fuite,
et pour l’advantage qu’ils esperoient en cette sorte de combat, quo haud dubie superat Romanus, dict Tite Live. Si est il que la
premiere provision de quoy ils se servoient à brider la rebellion des
peuples de nouvelle conqueste, c’estoit leur oster armes et chevaus :
pourtant voyons nous si souvent en Caesar : arma proferri, jumenta produci, obsides dari jubet. Le grand Seigneur ne permet aujourd’huy
ny à Chrestien ny à Juif d’avoir cheval à soy, à ceux qui sont
sous son empire.
Nos ancestres, et notamment du temps de la guerre des Anglois, en
tous les combats solennels et journées assignées, se mettoient la
plus part du temps tous à pié, pour ne se fier à autre chose qu’à
leur
force propre et vigueur de leur courage et de leurs membres, de chose
si chere que l’honneur et la vie. Vous engagez,
quoy que die Chrysantez en Xenophon,
vostre valeur et vostre fortune à celle de vostre cheval : ses playes
et sa mort tirent la vostre en consequence ; son effray ou sa fougue
vous rendent ou temeraire ou làche ; s’il a faute de bouche ou
d’esperon, c’est à vostre honneur à en respondre. A cette cause,
je ne
trouve pas estrange que ces combats là fussent plus fermes et plus
furieux que ceux qui se font à cheval,
Victores victique, neque his fuga nota neque illis.
Leurs battailles se voyent bien mieux contestées ; ce ne sont asteure que routes : primus clamor atque impetus rem decernit. Et chose que nous appellons à la societé d’un si grand hazard, doit estre en nostre puissance le plus qu’il se peut. Comme je conseilleroy de choisir les armes les plus courtes, et celles dequoy nous nous pouvons le mieux respondre. Il est bien plus apparent de s’asseurer d’une espée que nous tenons au poing, que du boulet qui eschappe de nostre pistole, en laquelle il y a