difficile de forcer les propensions naturelles. D’où il advient que, par faute d’avoir bien choisi leur route, pour neant se travaille on souvent et employe l’on beaucoup d’aage à dresser des enfans aux choses ausquelles ils ne peuvent prendre pied. Toutesfois, en cette difficulté, mon opinion est de les acheminer tousjours aux meilleures choses et plus profitables, et qu’on se doit peu appliquer à ces legieres divinations et prognostiques que nous prenons des mouvemens de leur enfance. Platon mesme, en sa République, me semble leur donner beaucoup d’authorité. Madame, c’est un grand ornement que la science, et un util de merveilleux service, notamment aux personnes élevées en tel degré de fortune, comme vous estes. A la verité, elle n’a point son vray usage en mains viles et basses. Elle est bien plus fiere de préter ses moyens à conduire une guerre, à commander un peuple, à pratiquer l’amitié d’un prince ou d’une nation estrangiere, qu’à dresser un argument dialectique, ou à plaider un appel, ou ordonner une masse de pillules. Ainsi, Madame, par ce que je croy que vous n’oublierez pas cette partie en l’institution des vostres, vous qui en avez savouré la douceur, et qui estes d’une race lettrée (car nous avons encore les escrits de ces anciens Comtes de Foix, d’où monsieur le Comte, vostre mary, et vous estes descendus ; et François, monsieur de Candale, vostre oncle, en faict naistre tous les jours d’autres, qui estendront la connoissance de cette qualité de vostre famille à plusieurs siecles), je vous veux dire là dessus une seule fantasie que j’ay contraire au commun usage : c’est tout ce que je puis conferer à vostre service en cela. La charge du gouverneur que vous luy donrez, du chois duquel depend tout l’effect de son institution, ell’a plusieurs autres grandes parties ; mais je n’y touche point, pour n’y sçavoir rien apporter qui vaille ; et de cet article, sur lequel je me mesle de luy donner advis, il m’en croira autant qu’il y verra d’apparence. A un enfant de maison qui recherche les lettres, non