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fabliau cxxxviii

L’autre ra dit à son baron :[1]
« Sire, fu il onques mes hom
75Qui ne fust aucune foïe
A ese avesques sa mesnie ?
L’en m’a envoie .I. present :
Soion i mès priveément
Ceanz, et je le vos donré. »
80Li bourjois li a creanté ;
Cele le prist à esforcier
Plus de boivre que de mengier ;
Et cil s’en est si porveüz
Qu’il est iluec touz coi cheüz.
85La cloche estoit piecha sonnée :
Dès icele heure en[2] est alée
Droit as Jacobins[3] la borjoise :
Mout fist à la porte grant noise.
Au portier dist que le prieur
90Li voist querre et le soupriour.
Cil n’ose esconduire la dame,
Por ce qu’el iert trop riche fame.
Il sunt venu : cele leur dit :
« Or i parra, se Dieus m’aït.
95Se vos de nule rien m’amez.
Pour Dieu[4] merci, or vos hastez :
Misire a une maladie ;
Je ne sai s’il seroit en vie
Tant que li covenz fust levez.
100Mès venez, et si l’aportez,
Car il a, ce ne doutez mie,
Requis par devant ma mesnie

  1. 73 — En tête de ce vers, une place vide a été ménagée pour une miniature.
  2. 86 — « en » manque au ms.
  3. 87 — Une rue de Rouen portait encore dernièrement le nom de rue des Jacobins.
  4. 96 — * Dieu ; ms., Diex.