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du segretain ou du moine

Et quant li prieus l’oï dire,
Si dist qu’il vient por lui ocire,
« Mais ci ne l’atendrai je mie. »
Atant se fiert en l’abeïe,
475Derier le grant autel se muce ;
De son caperon fait aumuce,
A genous et à jointes mains.
Et saciés que li secretains
Fu encor sor le palefroi.
480Mais[1] por le noise et por l’effroi
Ke la jent aloient menant
S’en va vers le moustier bruant,
Mais si basse i estoit l’entrée
Si comme i vient de randonée,
485Fiert la teste à lintel desus :
Ronpent cordes, et il ciet jus
Trestous envers, janbes ouvertes.
Adonc ceurent li moine acertes,
Se se metent tout environ.
490Sanglant treuvent le caperon
Et lui assés plus froit de glace :
Or n’i a nul ki duel ne face.
Quant il virent que il est mors,
Li abes enfoï le cors,
495Mais, ançois qu’il fust enterrés,
Fu assés plains et regretés.
Ensi nus raconte cis livres
Que li borgois ot les .C. livres
Et le bacon en son demoine.
500Ici faut li Fablaus du Moine.


  1. 480 — « Mais » manque au ms.

    Nous avons souvent rencontré et nous rencontrerons encore l’histoire dont il s’agit ici (voy. notre quatrième volume, p. 232-233). Ce texte, inédit jusqu’à ce jour, est une nouvelle version du fabliau publié plus loin dans ce cinquième volume (p. 215-242) sous le titre du Segretain moine, et déjà connu par Méon.