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XCVI

ESTULA

Paris, Bibl. nat., Mss. fr., 837, fol. 227 voà 228 vo, et
19152, fol. 51 ro à 51 vo ; Bibl. de Berne, Mss. 354,
fol. 116 ro à 117 ro.[1]

1
Il estoient[2] jadis dui frere
Sanz conseil[3] de pere et de mere,
Et tout sanz autre[4] compaignie ;
Povretez fu bien[5] lor amie,
5Quar sovent fu en[6] lor compaingne,
Et c’est[7] la riens qui plus mehaingne
Cels entor qui ele se tient :
Nus si granz malages[8] ne vient.
Ensamble[9] manoient andoi
10Li frere, dont dire vous doi[10].
Une nuit furent mout destroit
De soif et de fain[11] et de froit ;
Chascuns de ces maus[12] sovent tient
A cels qui povretez maintient.
15.I. jor se pristrent à pensser[13]
Comment se porroient tensser
Vers povreté[14] qui les apresse ;
Sovent lor fet sentir[15] mesese.

  1. XCVI. — Estula, p. 87.

    A. — Paris, Bibl. nat., Mss. fr., 837, fol. 227 voà 228 vo.

    B. — Paris,» Bibl. nat.,» Mss. fr.» 19152, fol. 51 ro à 51 vo.

    C. — Bibl. de Berne, Mss. 354, fol. 116 ro à 117 ro.


    Publié par Barbazan, III, 60, et par Méon, III, 393-397 ; et analysé par Legrand d’Aussy, III, 376-379.

    Ce fabliau porte par erreur dans le ms. B le titre de « Del Convoiteus et de l’Envieus », applicable à la pièce suivante, œuvre de Jean de Boves.


  2. Vers 1 — B, Il se furent. C, Il furent.
  3. 2 — B, C, Sans soulaz.
  4. 3 — B, C, Et sans toute autre.
  5. 4 — fu bien. B, C, ert mout.
  6. 5 — B, Qui loz jors est en. C, En tot l’anz ert [en].
  7. 6 — B, Ce est.
  8. 8 — B, si greveus mehainz. C, si trés grevous maus.
  9. 9 — B, C, A escot. — B, vivoient. C, manjoient.
  10. 10 — vous doi. C, dui.
  11. 12 — B, C, De fain et de soi.
  12. 13 — maus. B, mès. — tient. C, vient.
  13. 15 — B, C, Lors se prenent à porpenser.
  14. 17 — povreté. B, C, famine. — apresse. B, gerroie. C, engoisse.
  15. 18 — B, C, En famine à mout grant. — B, desroi[e]. C, engoisse.