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du prestre et des .ii. ribaus

Li prestres que tout denier fussent
Qu’en lor drapiaus noez eussent,
Lors se pensse que gaaingnier
Porra bien, sanz lui mehaingnier,
85Grant cop à ces .II. menestrels ;
Il ont tant de deniers entr’els
Qu’il ne les sevent ou mucier.
A Renier commence a huchier :
« Je juerai », fet il, « à ti
90Puisque tu m’en as aati ;
Alons une minete querre. »
Et li prestres descent a terre,
Si empasture son cheval.
Tant ont quis amont et aval
95Qu’il ont une minete eslite,
Et Thibaus primes s’i alite
Qui de jouer estoit ardant ;
Les dez ataint ains que l’argent,
Quar le geu covoite et désire.
100« Quel geu[1] », fet il, « volez vous, sire ?
Est ce à la maille de refus ?
— Certes onques hardiz ne fus »,
Fet li prestres, « mès au tornois.
— Soit bien, ja por ce li tornois
105Ne faudra. Vez là por le dé.
Qui lait si lait ! soit en non Dé ! »
Fet Thibaus, « j’en ai pour tout dis.
— De cheance soit .I. toz dis »,
Fet Reniers, « que Diex vous maintiegne !
110— Metez donc à qoi je me tiegne »,

  1. 100 — Ce fabliau, ainsi que celui de S. Pierc et du Jougleor (Méon, III, 282-296), nous donne quelques détails sur le jeu de dés, dont la vogue fut si grande au moyen âge.