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fabliau lxxxv

Entre dames et damoiseles ;
De cointes y ot et de beles ;
De pluiseurs deduis s’entremistrent,
Et tant c’une royne fistrent
25Pour jouer au roy qui ne ment[1].
Ele s’en savoit finement
Entremetre de commander,
Et de demandes demander,
Qu’ele iert bien parlant et faitice :
30De maniere estoit bele et rice.
Pluiseurs demandes demanda,
Et sa volenté commanda,
Tant que vint à .I. chevalier.
Assez courtois et biau parlier.
35Qui l’ot amée, et qui l’eüst
Pris à fame, s’il li pleüst ;
Mès bien tailliez ne sambloit mie
Pour fere ce que plest amie
Quant on la tient en ses bras nue.
40Car n’ot pas la barbe cremue ;
Poi de barbe ot ; s’en est eschieus
En tant qu’as fames en maint lieus :
« Sire, » ce li dist la royne,
« Dites moi tant de vo couvine,
45S’onques eüstes nul enfant.
— Dame, » dist il, « point ne m’en vant,
Car onques n’en oi nul, ge croy.
— Sire, point ne vous en mescroy
Et si croy que ne sui pas seule,
50Car il pert assez à l’esteule

  1. 25 — Cf., sur le jeu du roy qui ne ment, Th. Wright, Anecdota literaria, 74. Il semble que ce soit un jeu dans le genre du jeu actuel des Proverbes.

    Cette histoire a été remise en vers par Imbert, et nous ne connaissons pas d’imitation qui en ait été faite dans les littératures étrangères.