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des .iii. dames de paris

Ne nous en convient esmaier,
Je ne l’ai fait el qu’essaier ;
Tant est bons[1] que j’en veul encore.
Or va donc, se Dieus te secore,
115Druins, raportes en .III. quartes,
Car, avant que de ci departes,
Seront butes. » Et cis i court,
Qui tost revint, à terme court,
Puis dona son pot à chascune.
120« Compains bien veignant », dist li une,
« Manjue[2] .I. morsel, puis si bois ;
Cilz vins[3] est mieudres que d’Ervois
Ne que vins de Saint Melion.[4]
— Voire assez, » ce dist Marion,
125« Je le boif trop plus volentiers ;
Se mes pos iert plainz touz entiers,
N’en y ara assez tost goute.
— Hé, que tu as la gorge gloute »,
Dist Maroclippe, « bele niece ;
130Je n’aurai encor en grant piece
But tout le mien, mais tout à trait
Le buverai à petit trait,
Pour plus sur la langue croupir ;
Entre .II. boires .I. soupir
135I doit on faire seulement :
Si en dure plus longuement
La douceur en bouche et la force. »
En tel point chascune s’efforce
De garnache engloutre et tant boire
140Qu’il n’est nus hons qui peüst croire

  1. 113 — bon, lisez bons.
  2. 121 — Supprimez la virgule après « Manjue ».
  3. 122 — vous, lisez vins. — Le vin « d’Ervois » est sans doute le vin d’Arbois, cru bien connu du Jura.
  4. 123 — Vin de Saint-Émilion, aussi estimé au moyen âge que de nos jours (Cf. Méon, I, 153).