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fabliau lxxiii

Iroient .II. deniers despendre,
S’en alerent, sanz[1] plus atendre,
Entre elles .II. à la taverne,
En la maison Perrin du Terne,
25Qui nouviaus taverniers estoit.
Si com l’une l’autre hastoit
Qu’elles vouloient ens entrer,
Lors revint, droit à l’encontrer.
Dame Tifaigne, la coifiere.
30Qui dist : « Je sai vin de rivière
Si bon qu’ainz tieus ne fu plantez.
Qui en boit, c’est droite santez,
Car c’est uns vins clers, fremians,
Fors, fins, frès, sus langue frians,
35Douz et plaisanz à l’avaler ;
A celui nous convient aler.
Autre vin goust ne nous ara,
Ne ja bons ne nous i sara
Pour demorer .III. jours entiers.
40Et si nous croira volentiers
Li ostes chascune .X. sous.
— Ses cors soit benis et absouls[2]
De celle qui si bien parla »,
Dist Margue ; « alons celle part là ;
45Il i fait bon, et Dieus m’avoie. »
Atant se metent à la voie
Vers la taverne des Maillez[3].
Là vint li[4] filz Druins Baillez,
Uns variés qui vint avec eles,
50Par cui sai toutes leur nouveles.

  1. 22 — sans, lisez sanz.
  2. 42 — absous, lisez absouls.
  3. 47 — L’enseigne de taverne « des Maillez », que nous rencontrons ici, est à noter.
  4. 48 — * li ; ms., le.