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du prestre et du chevalier

Tout li samble que che soit soinge ;
Arrier se trait, de li s’eslonge,
Et si se sainne demanois[1].
Iriés, angouissieus et destrois
1105Fu li Prestres pour le nouviele :
« Amis », fait-il[2], « en lui cancele
Maufés[3], qui emaint lui esploite.
Portons i l’yaue benoite,
L’estole, le crois et l’encens,
1110Car je cuit qu’il est hors du sens.
— Del sens je ne saige pour voir ;
Mais qui li donroit grant avoir
Nés[4] prendroit-il qu’i ne jéust
A vous, pour c’avoir vous péust ;
1115Et je cuit k’il vous ara bien,
Car par devant sour toute rien[5]
Fu itele vo couvenenche ;
Mais alés tost, sans demourance
A mon Seigneur droit à son lit
1120Faire son boin et son delit.
Que li retraires n’i vaut rien. »
Or voit li Prestres et set bien
Que déchut l’a sa convoitise :
« Hé ! las, » dit-il, « bien[6] me justiche
1125Convoitise, qui mal me maine.
Ensi ai pourcachié ma paine
Et mon anui et ma grant honte.
Las ! caitis ; or ne sai que monte
Convoitise, s’on ne l’asaie. »
1130Ensi se doulouse et esmaie

  1. 1103 — * demanois ; ms., de demanois.
  2. 1106 — * fait-il ; ms., fait ele.
  3. 721 et 1107 — Maufès, lisez Maufés.
  4. 1113 — N’es, lisez Nés. — * jeüst ; ms., just.
  5. 1116 — * toute rien ; ms., te rien.
  6. 1124 — « bien » manque au ms.