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fabliau xxxiv

Ensi le maistrie et travaille,
Et li Prestres la sourde oreille
Fait aussi que se n’oïst rien.
Adès se taist, et cele bien
1015De sa parole le lesdenge ;
Dieu jure bien et bien calenge
Que mais s’amie[1] ne sera
Ne jamais ne le servira :
« Tant comme j’aie l’ame el cors.
1020— Dame Avinée, vos effors »,
Fait li Prestres, « est en mal dire.
— Mais, merchi Dieu, nus n’en est pire
N’est pas pour vous, mais Diex ne veut,
Et pour che que li cuers me deut
1025De la honte que j’ai éue.
— Et vous estes bien esméue
En maudire et en lesdengier,
Si vous cuidiés en moi vengier
De la joie que vous menastes
1030Quant o le Chevalier mengastes[2] ;
Mais, se Dieu plaist, n’en ferés mie,
Et si dites bien que m’amie
Ne serés mès, si com je cuit ;
Dès ore voeil que sachent tuit
1035Trestout li voisin du visnage.
— Ha ! Diex[3] ! » fait-elle, « quel damage !
Se je piert mon seigneur le Prestre,
Autressi boin jamais à estre
Ne trouverai jour de ma vie.
1040Haï ! » fait-elle, « vostre[4] envie

  1. 80, 7, sa mie, lisez s’amie.
  2. 1030 — * mengastes ; ms., megastes.
  3. 1036 — Dieu, lisez Diex.
  4. 1040 — votre, lisez vostre.