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du prestre et du chevalier

Pour reposser et pour dormir
Tout bielement et par loisir.
Mais autrement iert k’il[1] ne cuide,
Car dame Avinée s’est mute
985Moult durement à noise faire ;
Qui dont l’oïst noisier et braire,
Tenchier et estriver au Prestre :
« Haï ! Haï ! Sire Selvestre,
Com vous avés bien pourcachie
990La honte qui vous est venie[2],
Que vostre amie avés perdue
Et vostre nièche avés vendue,
Pour avoir, à .I. estrange homme.
Tout li cor saint qui sont à Romme
995Puissent le vostre cors confondre !
On vous devroit ardoir ou tondre
Com fol, et baillier grant machue. »
Dont a tel caut que trestout sue
Li faus[3] Prestres de fine honte.
1000Dame Avinée tout li conte
Sa mauvaisté et sa pesanche :
« Pour les plaies et pour le panche, »
Fait celle, « se femme n’estoie
Et à la honte ne perdoie,
1005Je diroie par tout le mont :
Vo convoitise vous confont,
Vo convoitise vous sousprent,
Vo convoitise vous esprent
Aussi com li fus fait la raimme.
1010Caitis et convoiteus se claime. »

  1. 983 — qu’il, lisez k’il.
  2. 990 — * venie, correction plus que hasardée pour venue, qui ne rime pas.
  3. 999 — « faus » manque au ms.