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fabliau xxxiv

Jure, et puis dist ainsi[1] au Prestre :
« Sire », fait-il, « ne poroit estre,
Car Mesire veut vostre amie,
Dame Avinée l’echavie[2].
835Que tous li mons devroit amer. »
Qui dont oïst caitif clamer
Le las de[3] Prestre à li méisme ;
A li tenche, à li estrive[4],
Com chiux qui a moult grant engaigne :
840« Hélas ! » fait-il, « comme gaaingne
Fait chix qui autrui veut dechoivre ;
Tex cuide sour autrui[5] boire
Qui boit sour li, sour sa compaingne.
Et trueve bien après gaaingne
845Aussi com j’ai fait à le moie. »
Sour l’esponde du lit s’apoie
Com chiex qui moult estoit courciés :
« Dame Avinée, mes péciés, »
Fait-il, « m’a engingné et nuit.
850Car aies faire le deduit
Le Chevalier et ses talens.
— Sains Martins, c’om aore à Sens,
Sire, » fait-elle, « me maudie,
Quant jà irai jour de ma vie ;
855Et, se je sui abandonnée
Par vous, ne par autrui menée
Outre mon gré, che sai jou bien
Que ne m’amés de nulle rien.
— Amie, si fach, et vous de quoi
860De che qu’avés eü de moi

  1. 831 — * dist ainsi ; ms., si dist.
  2. 834 — le chavie, lisez l’echavie.
  3. 837 — « las de » manquent au ms.
  4. 838 — Ce vers est faux dans le ms. ; ne faut-il pas lire et à li ?
  5. 842 — autruï, lisez autrui. Le vers reste faux.