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le meunier d’arleux

Je doi bien cuites aler par tant,
Car sachiés il m’anuie forment
Chou que il avint à ma feme,
Car ses porchiaus ne m’atalente. »
355Li Baillius a grant ris eut,
Puis si[1] ior a ramentéut :
« Volés de chou oïr le droit ?
— Oïl, » dit Mousés, « par ma foit.
— Et vous, mauniers ? » fait li Baliu.
360« Voire bien, de par Dame-Diu,
Que il me doinst cuites aler. »
Li Baillius prist à conjurer
Les Eskievins por dire voir[2] :
« Si ferons nous à no pooir.
365Sire, » font il, « molt volentiers. »
A tant se prendent[3] à consillier ;
A ce consel en sont aie ;
Plus tost qu’il peurent sont torné[4] :
« Sire, » font il, « entende nous.
370Par jugement nous disons vous[5]
Ke vous Mousèt faites r’avoir[6]
Son porchelet, car chou est drois.
Et commandés à Jakemon
Qu’il li renge tout, sans tenchon,
375U la meschine li r’amaint
Por faire son bon et son plain. »
Li Baillius li a commandé,
Et Jakès li a delivré
Le porchelet tout erramment,
380Et li Baillius maintenant prent

  1. 356 — * si ; ms., s’il.
  2. 363 — * dire voir ; ms., voir dire.
  3. 366 — * prendent ; ms., prede. — Le vers corrigé est faux ; ne faut-il pas supprimer se ?
  4. 368 — * torné ; ms., retorné.
  5. 370 — * disons vous ; ms., vous disons.
  6. 371 — * faites r’avoir ; ms., fait ravoir.