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le meunier d’arleux

Qant la dame perçut les a,
Sachiés ke pas nes[1] bienvina,
Le sien marit trestout avant ;
Tost li a dit : « Ribaut puant,
295.XIIII. ans ai o vous estet ;
Ains ne vous poc mais tel mener,
Ne tant acoler, ne basier,
Servir à gré, ne solacier,
Que ja iffuse envaïe[2]
300.II. fois en une nuit entière.
Pour la mescine eue, voir, ennuit
.X. fois, u plus, par grant déduit.
Cele m’a fait caste bontét,
Cui vous cuidastes recovrer.
305En mon lit cocha[3], en non Dé.
Or avés vous cangié le dé. »
Quant Jakemars l’ot, et entent
Qu’il est vuihos certainnement,
Saciés ke point ne l’abielist.
310Et Mousès tout errant li dist :
« Sire, mon porciel me rendes,
Car à tort et pechiet[4] l’avés.
— Qu’esse, diable ? » dit Jakemars.
« Tu as ennuit entre les bras
315Jut de ma fame[5] et fait ton biel.
Et tu viex r’avoir ton porchiel ;
Saces ke tu n’en r’auras mie.
— Si arai », fait Mousès, « biax sire,
Car je duc gire o la pucele.
320Qui estoit grasse, tenre et biele,

  1. 292 — n’es, lisez nes.
  2. 299 — Non-seulement ce vers est faux, mais sa rime est insuffisante.
  3. 305 — * cocha ; ms., le cochai.
  4. 312 — * à tort et pechiet ; ms., tort et à pechiet.
  5. 315 — * Jut de ma fame ; ms., De ma fame jut ; — bel, lisez biel.