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fabliau xxxiii

Ele l’apièle par son nom :
« Hé, Jacques », fait ele, « sans son[1],
Par cele foi ke moi devés,
Moles mon blé ; si me hastés
25Que je m’en puisse repairier.
Atorner m’estuet[2] à mangier
Por mon père, ki est à chans. »
Jakès li a dit maintenans :
« Ma douce amie, or vous séés ;
30.I. petit si vous reposés.
Il a molt blé chi devant nous[3]
Qui doivent maure devent vous.
Mais vous morrés qant jou porrai.
Et si n’en soies en esmai,
35Car, se il puet, et vespres vient.
Je vous ostelerai molt bien
A ma maison à Paluiel.
Sachiés k’à ma feme en ert biel,
Car jou dirai k’estes ma nièche. »
40Mousès ot jà moulut grant pièche ;
Les gens furent jà ostelé
Et à leur villes retorné.
Mousès voit bien et aperçoit
Tout cho ke ses maistres pensoit ;
45Andoi orent une pensée
Por décevoir Marien d’Estrée.
Jésir cuident entre ses bras;
Mais il n’en aront jà solas,
Ains en sera Jakès décheus,
50Tristres, dolens, corchiés[4] et mus.

  1. 22 — * sans son ; ms., de Sanson.
  2. 26 — * estuet ; ms., estuer.
  3. 31 — * nous ; ms., vous.
  4. 50 — * corchiés ; ms., correchiés.