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du prestre mis au lardier


Il ne s’osoit taire,

130Ne n’osoit parler ;
Le Roi débonnaire

Prist à reclamer.
« Comment, » dit Baillet, « faut il tant tarder ?

S’errant ne paroles, meschéant lardier,
135Par menues pièces t’iray despecier. »
Alors dist le Prestre, n’osa delaier :

« Frater, pro Deo

Me delibera ;
Reddam tam[1] cito

140Ce qu’il coustera. »
Quant Baillet l’oy, en haut s’escria :

« Çavetiers me doivent amer de cuer fin
Quant à mon lardier fais parler latin. »
Lors le frère au Prestre dist : « Baillet, voisin,

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« En tant com vous prie,

Le lardier vendez ;
Ce sera folie

Se vous le quassez ;
Ne me faites pas du pis que povez.

150— Sire, » dist Baillet, « sus Sains vous plevis
J’en aroy vint livres de bons parisis ;
Il en vaut bien trente, que moult est soutiz. »

Le Prestre n’osa

Le mot refuser ;
155A Baillet ala

Vint livres conter,
  1. 139 — * tam ; ms., tan.