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des estats du siecle

Avocas gagnyent sans grant poine.
Quant .I. homs sa cause demoine
Par Avocat, qui tout jour tire,
Il se puet bien tenir de rire,
85Quar, s’il a point d’argent en borse,
Li Avocas[1] en fera trousse.
Tantoust prist l’abit d’Avocat ;
De Chevalier laissa l’estat.
Quant vint après, en .I. fort plait.
90Ses aversaires avant trait
Tant de coustumes, tant de droès,
Tant de canons et tant de loès.
Et tant de desmandes luy baillye
Que il ne scet quel par qu’il alye.
95Si propousa en son courage
Qu’il se mettroit en Mariage.
Quant .I. homs a sa preude feme,
Sage, sutil, de bonne fame,
Elle governe la maison
100Et tout commande par raison.
Moult d’aise fait à son mary ;
S’elle luy voit le cuer mary,
Trés doucement le reconforte ;
Assés d’autre prouffit luy porte.
105Pour ce tantoust se maria
Pour le grant aise qu’il y a.
Après, quant son estat cognoit,
Ne trueve pas ce qu’il cuydoit ;
Si tient en despit Mariage,
110Et se mist en .I. reclusage,

  1. 86 — * Li Avocas ; ms., Le Avocat.