Sans main mettre, l’en leur aporte
l’out ce qui leur faut à leur porte.
L’en[1] les sert à grant diligence,
A honneur et à reverence ;
Chacun doubte les Chevaliers.
Quant eulx moynent leurs escuiers.
Leurs hommes avoec[2] leur pennallye ;
N’est rien ou monde qui leur fallye.
Qu’à Chevalier fait vilenie.
Il n’est pas seür de sa vie.
Tantoust Chevalier se fist faire.
Mais après luy vint .I. contraire.
Que luy convient aler en guerre
Por son paix et por sa terre.
Et s’arma, selon la coustume,
Des armes qui ne sont pas plume.
Et il mist[3] l’eaume en sa teste ;
Ne le tient pas n’a jeu n’a feste.
Après, quant vist la chivauchie
Des enemis qu’ont aprouchie.
Et qui se moustroint en appart.
Lors voulsist bien estre autre part
Et pensa, s’il n’estoit délivres,
Qui luy dondroit .xm. livres,
Quar tel estat plus ne tiendroit
Pour le peril qu’il y veoit[4].
Si se trouva estre Avocas,
Et vist, entre tous les estas.
C’est celli par qui mieux luy samble
Que l’en met plus d’argent ensamble.
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