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du prestre et d’alison

Une meschinete de vie,
Qui de cors fut bien eschevie,
A tot le monde communaus.
Oïez que dist Dame Mahauz.
145Quant ele vit la pecherriz,
Coiement en a fait un riz
Comme celé qui molt fu saige :
« Aelison, .I. mariaige
T’ai porchacié ; par S. Denise,
150De ci à l’aive de Tamice[1]
N’aura feme mielz mariée.
— Avez me vos por ce mandée ? »
Fait Alizon ; « c’est vilenie
De povre meschine de vie
155Gaber, qui a petit d’avoir.
— Non faz, se Diex me doint savoir :
Amie, » ce[2] dit Dame Mahaus ;
« Jà de moi ne te venra maus ;
Blanc peliçon te frai avoir
160Et bone cote, à mon savoir,
De vert de Doai traïnant[3].
Fai, si entre en cel bai[n]g corant ;
S’enprès te vendrai por pucele. »
Aalison fu molt isnele ;
165S’est asise, si se despoille.
Devant la cuve s’agenoille[4]
Conme cele qui molt fu lie[5].
Lors se deschauce et se deslie,
Et se plunge comme vendoise ;
170Ez vos la fille à la Borgoise

  1. 150 — Le nom de la « Tamise », comme plus haut ceux de « Gisors, Calais, etc. », servirait à prouver la nationalité de notre auteur, s’il n’avait pris soin de nous l’indiquer lui-même au vers 439.
  2. 157 — « ce » devrait être supprimé pour la régularité du vers.
  3. 161 — trainant, lisez traïnant.
  4. 166 — * s’agenoille ; ms., s’ageloigne.
  5. 167 — * lie ; ms., liée.