Li Prodom tout[1] errant s’en tourne ;
A son neveu vint, qui atourne
Les chevaus et fait atourner.
Cis, qui plus ne pot sejourner,
A son neveu dist et recorde
De son père la grant discorde :
« Mais toutes voies tant me donne
C’une viés housche m’abandonne ;
Biaus niés, par moi vous prie et mande
Et sachiés qui le vous commande
Que la plus grande me bailliés ;
Or gardés que vous n’i failliés. »
Quant li enfes l’a entendu,
Mout fu dolans et esperdu,
Plains de grant mautalent et d’ire
« Or, alés à mon père dire
Que pau i avés esploitié ;
Vous n’en arés que la moitié
De la houce, si vous le di ;
Toute l’autre vous contredi. »
Li prodom l’ot, si eut grant duel,
Qui maintenant morir s’en vuel[2].
Tout errant arrière s’en vient :
« Biaus fieus », dist-il, « il te convient,
Pour ta parole faire estable,
C’avec moi vignes en l’estable,
Car tes fieus le me contredist,
Et si s’afice bien et dist
Que n’en arai que la moitie,
Je ne sai pour quel convoutie[3][4],
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la houce partie