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la houce partie

Li Prodom tout[1] errant s’en tourne ;
A son neveu vint, qui atourne
105Les chevaus et fait atourner.
Cis, qui plus ne pot sejourner,
A son neveu dist et recorde
De son père la grant discorde :
« Mais toutes voies tant me donne
110C’une viés housche m’abandonne ;
Biaus niés, par moi vous prie et mande
Et sachiés qui le vous commande
Que la plus grande me bailliés ;
Or gardés que vous n’i failliés. »
115Quant li enfes l’a entendu,
Mout fu dolans et esperdu,
Plains de grant mautalent et d’ire
« Or, alés à mon père dire
Que pau i avés esploitié ;
120Vous n’en arés que la moitié
De la houce, si vous le di ;
Toute l’autre vous contredi. »
Li prodom l’ot, si eut grant duel,
Qui maintenant morir s’en vuel[2].
125Tout errant arrière s’en vient :
« Biaus fieus », dist-il, « il te convient,
Pour ta parole faire estable,
C’avec moi vignes en l’estable,
Car tes fieus le me contredist,
130Et si s’afice bien et dist
Que n’en arai que la moitie,
Je ne sai pour quel convoutie[3][4],

  1. 103 — « tout » manque.
  2. 124 — * morir s’en vuel ; ms., morut si en.
  3. 132 — convontie, lisez convoutie.
  4. P. 5, l. 30, convontie, lisez convoutie.