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fabliau xlv

20Se il vous plaist à escouter.
Onques de tel n’oy parler
Nus qui soit vis ;
Il n’est[1] mie du temps jadis,
Mès il avint ou temps d’avril[2].

25A Avrenches, dessus le pont,
Une riche fame out meignant[3].
Que[4] espousa un riches hons
E[5] de molt grant atenement.
Il estoit plaideour molt grant.
30Sage et gaillart ;
On l’apeloit Martin Hapart :
Il hapoit de chascune part.

Martin hapoit quant estoit vif.
Et si hapa quant il fu mort ;
35Molt de gent metoit à essil
Et leur faisoit de leur droit tort ;
Miex amoit à boire bon vin
Qu’estre au moustier ;
S’entente estoit à soutillier
40Conme il peüst gent essillier.

Martin Hapart haïoit moustier
Sur toute rien et le sermon,
Les mesiaus et les potenciers,
Et les gens de religion ;
45L’Anemi l’avoit par reson
Mis en escrit :

  1. 23 — * Il n’est ; ms., El n’est.
  2. 24 — Après ce vers, on lit dans le ms. les trois suivants, qui ne rentrent pas dans le rhythme des strophes :

    Douce gent, c’est bien verité.
    Qui au Mont Saint Michiel ira,
    S’il muert en l’an, miex l’en sera.

  3. 26 — * meignant ; ms., meiguant.
  4. 27 — * Que ; ms., Qui.
  5. 28 — « E » manque au ms.