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fabliau xliv

Que ne doit avoir nourechon
Li femme ki n’a se maison.
Cele en est forment courechie[1] ;
Si em pleure et si en crie[2] ;
325A sen baron vint, si li dist :
« Biaus dous frères, se Dix m’aït,
Moi sambleroit buer fuisse née
Se de chi estoie escapée,
Que nous euissiens .I. torciel,
330Une maison et .I. pourchiel. »
Ses drapiaus vent tous ki les a,
Et chiex les siens, teuls k’il les a,
Et tant que il[3] ont .I. torciel
Une maison et .I. pourciel
335U il pueent leur huche assir
Et leur lit faire à lor plaisir.
Or vous dirai je des deniers
C’on emprunta[4] as ussuriers ;
Il ne seront jamais rendus ;
340Si aura[5] .XXX. saus, ou plus.
Et, quant che vient au chief de l’an.
S’est cele grosse d’un enfant ;
Or li kiet li pois reveleus,
Et se li mue le couleurs,
345Mais, s’ele se plaint, ne puet nient,
Car plus a de mal que de bien.
Chiex va trestout le jour ouvrer
Et vuaaignier[6] et labourer,
Et, quant il vient à son ostel,
350Dont li estuet le fu souffler,

  1. 323 — * courechie ; ms., courchie.
  2. 324 — Vers faux.
  3. 333 — * que il ; ms., qu’il.
  4. 338 — * emprunta ; ms., empruta.
  5. 340 — * aura ; ms., avera.
  6. 348 — * vuaaignier ; ms., wuaignier.