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du vallet qui se met a malaise

Che que je li vaurai donner.
Se j’ai ma char, se j’ai mon sel,
Je voeil que chiex, qu’ara[1] ma fille,
Le prengne si com[2] soi meïsme.
175— Dame, » failli Vallès, « par foi,
Chou est uns boins enfes, je croi ;
Plus chier l’auroie[3] à mains d’avoir
Que une autre pour plus avoir. »
Or oiiés de le bone femme,
180Qui devant l’uoeil li trait le pane :
« Dont vous dirai je que ferés.
Alés à vos amis parler ;
Se vous à conseil le trouvés,
Revenés chà, se vous volés.
185— Par le saint Diu », chiex respondi,
« Li consaus en gist tous en mi ;
Mais je[4] leur dirai toutes voies.
S’il i veulent estre, si soient.
Et, se che non, je vous di bien
190Que pour aus ne demourra[5] rien. »
Mieus li venist[6], le malostrut.
Le chatif et le durfeüt[7],
C’on le fresist d’un grant baston,
A l’issue d’une maison.
195Si le cachast on à la rue,
S’alast cachier une carue.
Li Vallès ist de le maison,
Puis si dist à sen compaignon :
« Tu ne ses que je te dirai,
200Compains ? je me marierai.

  1. 173 — * qu’ara ; ms., qui ara.
  2. 174 — * com ; ms., comme.
  3. 177 — * auroie ; ms., averoie.
  4. 187 — si, lisez je.
  5. 190 et 272 — demourra ; ms., demoura.
  6. 191 — * li venist ; ms., le venist or.
  7. 192 — * durfeüt ; ms., dur fut.