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du seigneur Nemo


Au commencement du XVIe siècle, Ulrich de Hutten renouvela le succès de la vie de Nemo, qu’il traita, à deux reprises, en vers latins. Il publia d’abord, en 1512 ou 1513, une petite pièce en 68 distiques dont voici les premiers vers :

Quisquis ades speculare novos in imagine vultus,
Ne rigida pictos accipe fronte jocos
Quaeris, ut ista loquor, quis sim, quae vita, quis usus ?
Haec volui, lector, plana fuisse tibi.
Sum Nemo; vivam necne? Cui dicere promptum est
Non etiam certum est hoc mihi; vivo tamen.
Nemo agitât vitam, sed enim quis credere possit ?
Si vivo, non est vita quod alter agit,
nie ego sum Nemo, de que Sacra Littera dicit :
« Ipse sibi vitae munera Nemo dédit. »
Nemo fuit semper ; Nemo isto tempore vixit
Quod maie dispositum Dii secuere Chaos.
Omnia Nemo potest; Nemo sapit omnia per se;
Nemo manet semper; crimine Nemo caret[1].

En 1516, au retour d’un second voyage en Italie, Ulrich de Hutten publia un nouveau Nemo, qu’il dédia à son ami Richard Krokus ou Crook, le célèbre philologue anglais. La pièce remaniée se compose de 78 distiques, soit 10 de plus que le premier texte. Cette addition est la principale variante qui existe entre les deux rédactions, car les distiques de 1512 se retrouvent pour la plupart sans changements dans le poëme publié en 1516. Sous cette forme définitive, la facétie d’Ulrich jouit d’une vogue qu’attestent de nombreuses réimpressions. Panzer en cite 7 éditions; E.-J. Hoch (Scientif. Grundriss) en mentionne une 8e; Münch (t. II, additions) en décrit une 9e; Burkhard (Commentarius de fatis ac mentis U. de Hut-

  1. Voy. Ulrichi ab Hutten, Equitis Germani, Opera quae extant omnia collegit Ernestus Josephus Herman. Münch (Berolini, 1821-1825, 5 vol. in-8o), T. I, p. 147-152.