sous les brumes transparentes du matin. Vers sept heures et demie, le prêtre revint de la messe. Il trouva Étienne à l’œuvre.
« Bon courage ! lui dit-il, je ne crois point me tromper en affirmant que cette étude est bonne. Il me semble que tu vois juste et que tu traduis bien ce que tu vois. »
L’abbé Laugier alla s’installer sous les marronniers. À l’intérieur, Mme Darier s’occupait des soins du ménage. La servante Brigitte donnait à manger aux lapins et aux volailles dans une basse-cour voisine du jardin dont un rideau de troènes la séparait. Dix minutes à peu près s’écoulèrent. Un coup de sonnette retentit à la grille. La servante se hâta d’abandonner poulets et lapins ; elle déposa son balai et courut à la grille. Une femme épuisée portant un enfant dans ses bras, était à genoux sur le seuil. Brigitte s’approcha vivement d’elle.
« Par pitié, balbutia Jeanne, que nos lecteurs ont déjà reconnue, du secours pour moi et pour mon enfant… »
Très émue, Brigitte prit la jeune veuve par la taille et voulut l’aider à se relever. Jeanne fit un effort, mais ses forces la trahirent, et elle faillit tomber à la renverse.
« Monsieur le curé, cria Brigitte, venez, venez vite ! »
À cet appel, l’abbé Laugier et Étienne accoururent.
« Qu’y a-t-il donc, Brigitte ? demanda le prêtre.
– Une jeune femme qui est en train de s’évanouir.
– Petite maman, où as-tu mal ? criait Georges.
– Cette pauvre femme et son enfant se meurent de fatigue… dit Étienne en soutenant Jeanne.
– Et peut-être de faim… » ajouta le curé.
Mme Darier accourut à son tour.
« Clarisse, ma chère sœur, lui dit le prêtre, deux tasses de bouillon pour ces pauvres créatures, bien vite, je t’en prie, et une bouteille de vieux vin de Bordeaux. »
Brigitte suivit Mme Darier après avoir assis l’enfant sur un banc. Étienne et l’abbé soutinrent Jeanne qui put se traîner jusqu’auprès de son fils, elle tomba sur le