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VI

Mary Harmant n’avait rien dit à son père de ce qui s’était passé entre elle et Lucie chez Mme Augustine. Le désespoir de Lucie lui prouvait que celle-ci regardait Lucien Labroue comme à jamais perdu pour elle. Elle jouissait délicieusement de cette victoire, et elle attendait avec impatience le jour de son mariage.

Si la joie et l’espérance remplissaient le cœur de la fille de Jacques Garaud, la phtisie minait cette frêle poitrine et conduisait rapidement vers la tombe ce corps amaigri. Lucien qui de temps à autre apercevait Melle Harmant, se disait qu’un mariage avec cette enfant mourante était impossible. Il évitait le plus qu’il pouvait de se trouver en présence de Mary. On lui donnait sur sa demande le temps d’oublier, mais le père et la fille auraient voulu que l’oubli vînt plus vite. Or, Lucien n’oubliait pas.

Le faux Paul Harmant, ne sentant autour de lui aucune menace de prochain péril, envisageait l’avenir sans inquiétude, croyait fermement que dans un temps donné Lucien deviendrait son gendre, et travaillait sans relâche.

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