XI
Nous avons laissé Ovide Soliveau, sous le pseudonyme du baron Arnold de Reiss, gagner, en compagnie de Melle Amanda, le restaurant où ils allaient reprendre possession de leur cabinet habituel.
« Qu’avez-vous fait en mon absence ? demanda Ovide.
– J’étais furieuse de votre brusque départ. En sortant de l’atelier je dînais, sans appétit, et j’allais me coucher.
– Conduite exemplaire. Et ça marche-t-il à la maison de Mme Augustine, les affaires ?
– De la besogne par-dessus la tête ! Cette patronne a une veine !… À propos, vous savez Lucie… l’ouvrière chez laquelle je suis allée avec vous deux fois, quai Bourbon… et qui avait disparu. Elle a été aux trois quarts assassinée. »
Soliveau joua la surprise et l’émotion.
« Ah ! mon Dieu, la pauvre enfant ! Assassinée !
– D’un grand coup de couteau dans la poitrine.
– L’assassin est-il arrêté ?
– Non.
– Eh bien, mes compliments au préfet de police ! ricana le Dijonnais ; ses employés travaillent joliment !
– Mais, s’il n’est point arrêté, il le sera. On mettait la