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lui tendit la main. La maladie avait fait depuis la veille de terribles ravages. En constatant du premier regard l’empreinte de la mort sur ce pâle visage, le boulanger sentit son cœur se serrer.

« Eh bien, ça ne va donc pas mieux, ma pauvre amie ?…

– Ça va bien mal… bien mal… répondit Mme Lebret. C’est fini… je vais mourir. »

Les larmes montèrent aux yeux du mari.

« Allons donc ! répliqua-t-il. Qu’est-ce que ça signifie, ces idées-là ?

– Je vais mourir… répéta Mme Lebret. Je le sens, va ! Avant de mourir, je voudrais te demander quelque chose…

– Quoi ? Parle vite… Tout ce que tu voudras.

– Eh bien, je voudrais voir ma mère. »

Lebret tressauta.

« Oh ! je sais qu’elle a eu beaucoup de torts envers toi… puis tu en as eu aussi… Que t’importe cela ? Tu ne voudras pas me laisser mourir sans voir ma mère…

– Elle ne consentira jamais à venir… Je la connais.

– Tu te trompes, reprit la malade. Elle consentira si tu lui écris que tu regrettes le passé, que tu la pries de te pardonner, et de venir me voir.

– Je n’écrirai pas cela, répliqua Lebret d’un ton brutal.

– Tu veux donc que je meure désolée… Tu ne seras pas si cruel… » balbutia la pauvre femme en fondant en larmes.

Le boulanger baissa la tête et parut réfléchir.

Brusquement et à haute voix :

« J’écrirai… fit-il.

– Oh ! merci, mon ami… s’écria la malade en joignant les mains. Tu écriras tout de suite… Demain il serait trop tard.

– Mais comment la lettre arrivera-t-elle ?

– Maman Lison ira la porter à la Garenne-Colombes et ramènera ma mère avec elle ; ainsi je la verrai cette nuit. »

Le boulanger descendit. Un quart d’heure après, il remettait la lettre à maman Lison.