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rut environ deux cents mètres, encadrés à droite et à gauche par des clôtures, puis, près d’un autre passage à niveau, atteignit un endroit où ces murailles cessaient brusquement. À sa gauche s’étalait une vaste plaine semée çà et là de bouquets de bois. Ainsi, d’un côté, la haie d’épines, de l’autre, des terres labourées en plein culture. En avant, aussi loin que la vue pouvait s’étendre, de grands arbres dominant la route de Paris à Argenteuil.

Le Dijonnais continua de marcher avec lenteur. À moitié chemin, sur la gauche, se voyait une agglomération d’une trentaine de peupliers. Tout à côté s’amorçait un sentier s’enfonçant dans la plaine.

Ovide prit ce sentier, fit le tour du bouquet d’arbres, l’étudia sous toutes ses faces, puis revint à son point de départ et continua de marcher jusqu’au talus en contre-haut de la chaussée, à laquelle on arrivait par un escalier taillé dans la terre battue, et un peu plus loin par une pente douce. Le Dijonnais gravit l’escalier et se trouva tout près du pont du chemin de fer. Il traversa le pont sans s’arrêter et, d’un pas toujours paisible, régulier, gagna Colombes, se dirigea vers la gare et prit le premier train montant vers Paris.

Le lendemain, Lucie sortait de chez elle, tenant à la main un paquet volumineux mais léger, et à deux heures moins un quart, prenait le train qui la menait à Bois-Colombes.

Elle suivit la route que nous avons vu Ovide parcourir la veille.

En face du bouquet d’arbres, Lucie poussa un petit cri étouffé. Sur l’herbe, au pied des peupliers, un homme, étendu tout de son long, dormait ou paraissait dormir. Lucie passa en se disant.

« J’ai eu peur d’un pauvre diable fatigué qui se repose… »

Et elle se remit en marche. À peine avait-elle parcouru un espace de vingt pas que le dormeur ouvrit les yeux, et suivit du regard pendant un instant la jeune fille.

Trois heures sonnaient au moment où une femme de chambre introduisit la fiancée de Lucien Labroue auprès