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Vincent est un honnête homme. En perdant son travail, il se trouverait dans la misère. Vous ne direz rien à M. Labroue, n’est-ce pas ? Vous êtes bon, vous aurez pitié de lui…

– Mon bon ami, dit tout à coup le petit Georges qui s’accrochait à la jupe de sa mère, ne fais pas de chagrin à maman… »

Le contremaître subissait un violent combat intérieur. Une émotion profonde se lisait sur son visage.

« Je ne veux pas que vous puissiez me reprocher d’avoir repoussé votre demande ! s’écria-t-il enfin. Pour l’amour de vous, Jeanne, je pardonnerai à Vincent. »

En ce moment, un coup de sonnette retentit dans la loge.

« C’est lui qui revient sans doute », fit la jeune femme…

Et elle tira le cordon en s’avançant jusqu’au seuil, suivie de Jacques, pour voir l’arrivant. Le nouveau venu n’était pas Vincent, mais le propriétaire de l’usine, M. Jules Labroue. Il marcha droit au contremaître.

« Est-ce vous, Jacques, lui demanda-t-il d’un ton sec, qui avez permis à Vincent de quitter l’atelier ?

Ne point répondre à une question si nettement formulée était impossible.

« Non, monsieur, dit le contremaître.

– Alors Vincent a quitté l’atelier sans vous prévenir ?

– Oui, monsieur. Et je suis venu ici demander à Mme Fortier si elle l’avait vu sortir. »

M. Labroue se tourna vers Jeanne et l’interrogea du regard.

« Je l’ai vu sortir, en effet… murmura la femme.

– Ainsi vous lui avez ouvert ? »

Jeanne dit un signe de tête affirmatif.

« Vous connaissiez cependant le règlement, madame Fortier, reprit le patron. Quel prétexte a-t-il mis en avant pour motiver sa sortie ? »

Ce fut Jacques qui répondit :

« Il s’est figuré que l’état de sa ménagère, qui est malade, empirait, et il a voulu la voir…

– Je l’admets… Tout au moins pouvait-il attendre mon retour pour me demander l’autorisation de quitter