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assister à un bal : — Oui, s’écrie-t-il, puisque la lutte m’a épuisé avant le terme, ma place de mort est là, aux splendeurs factices de la lumière des bougies, parmi les femmes et les fleurs artificielles, parmi les égoïstes, les repus, les contents, les orgueilleux, les ingrats, parmi les privilégiés, les accapareurs de places, les brevetés, les pensionnés, les distributeurs de médailles et de couronnes, parmi ceux qui volent au jeu de cartes et ceux qui ne se fatiguent pas de la valse adultère !

La valse adultère ! voilà leur grand mot, leur grande pudeur.

Ô moralité des Jeune-France !

Au bal, — Trialph danse comme un perdu, il boit du punch, il copie sa ballade du Sylphe sur l’album d’une vieille dame, il se livre à la valse adultère, il fait mille gambades, — et, en fin de compte, il reconnaît qu’il s’est mal empoisonné. Déception !

Au désespoir d’avoir manqué son coup, Trialph se rend dans le bureau d’un journal, et, moyennant quelques centimes, il fait insérer les lignes suivantes :

« Un particulier, décidé au suicide, désire exploiter avantageusement sa mort, pour payer la corbeille de noces d’une femme, qu’un de ses amis arrache à son amour. Il offre donc le sacrifice