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Vraiment, j’éprouve quelque honte à vous raconter ces désordres. Telle était pourtant une scène d’amour en ces temps-là, tels étaient les amoureux du livre et de la scène. Trialph n’est guère plus exagéré qu’Antony ; il ne sait pas ce qu’il veut, il ne veut plus ce qu’il a demandé, il menace, il implore, il sanglotte, il a la fièvre.

Ils avaient tous la fièvre, alors.

Cette furia d’amour, répandue en littérature par Indiana, par les drames fauves, par les poésies noires, a été assez heureusement caractérisée dans un vaudeville joué par Arnal :

Quel plaisir de tordre Nos bras amoureux, Et puis de nous mordre En hurlant tous deux !

Vous voyez que Trialph est tout à fait dans la tradition, lorsque hérissé, funeste et se gorgiasant à l’aise dans son délire satanique, il foule aux pieds cette femme du monde, cette comtesse, absolument comme si c’était madame Dorval.

Silence ! Voici le mari qui entre, M. de Liadières.

« M. de Liadières alla se poser debout devant la cheminée. Il contempla d’un air froid et sérieux la comtesse, qui n’osait s’approcher de lui. Elle