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de rire convulsif sur lequel ont vécu tant de romans et tant de drames.

— Vous m’effrayez, dit la comtesse de Liadières ; pourquoi rire ainsi ?

— Je ris, madame, de ne pas me voir pendu ou brûlé vif. Un matin que je rencontrerai la signora Société dans les rues de Paris, je veux en passant lui jeter au nez cette prédiction qu’elle mourra l’année prochaine, s’il éclôt par hasard en France trente faquins de bouffons comme moi !

Cela est bien sage dans la bouche de Trialph.

Mais Trialph ne demeure pas longtemps dans sa franchise. Quand il lui est bien prouvé que la comtesse l’aime, le voilà qui devient brutal et grossier envers cette femme charmante ; le voilà qui l’appelle coquette, déloyale, qui lui parle de M. Liadières et qui se déchaîne contre l’adultère. Il marche à grands pas dans le boudoir, il est écumant, il est frénétique ; enfer et puissances du ciel ! Massacre et railleries ! Il casse le cordon de la sonnette, il éreinte le tapis à coups de talon de botte, il frappe à poing fermé sur le piano. La comtesse, épouvantée, se roule dans un coin comme un serpent en spirale. Immobile et muet, Trialph la glace d’un sourire diabolique.

« Je devais être horriblement beau ! » ajoute-t-il.