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aucune école, on ne trouve pas un seul nom contemporain sous sa plume.

«Ce que j’écrirai ici, je l’ignore. Je veux seulement esquisser quelques vérités sur le citoyen Cœur humain. » Le malheur est que les vérités de Trialph sont trop souvent saupoudrées d’immoralité. J’aurais voulu le connaître au temps où, selon son expression, il avait des illusions comme un eunuque de la graisse. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un ricaneur, et de la pire espèce encore : un ricaneur qui veut être plaint ! Sa préface est une parodie sérieuse des préfaces les plus célèbres ; il penche la tête d’un air douloureux et se demande où va le monde, — à propos des amours de Nanine et d’Ernest, qu’il va raconter tout à l’heure.

Au milieu de ces digressions usées, de ces moqueries sans motif, de ces colères inutiles, de ces dédains littéraires, de ces saccades prévues, au milieu de toutes ces choses inachevées et recommencées dont se compose cette préface, il y a cependant un élan de cœur que je ne puis suspecter, et qui tranche sur l’allure divagante du morceau :

« J’ai un aveu qui me pèse.

« Je suis malheureux…

« Oh ! ma pauvre mère !

« Ma mère ! Tu m’as donné la vie, tu as veillé pendant