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bres des gens d’un grand talent, et que leurs œuvres les meilleures datent de l’époque où ils ont commencé à comprendre que toute l’humanité n’était pas contenue dans le torse de la Vénus de Milo ou dans un entrechat de Colombine. Croyez-le bien, mon cher monsieur, il y a autre chose ; positivement il y a autre chose.

» Vous me dites, à ce que je comprends, que vous avez essayé de vivre, et qu’il est résulté de votre tentative une petite comédie à propos de laquelle vous voulez avoir mon opinion. Le ton léger avec lequel vous parlez de votre expérience semble indiquer que cette première expérience d’existence ne vous a pas été bien pénible. Tant mieux pour l’homme et tant pis pour le poète. Mais peut-être avez-vous confondu faire la vie avec vivre, deux choses bien différentes, cher monsieur, puisqu’il y en a une que l’on fait soi-même, tandis que c’est l’autre qui vous fait.

» Je serai à votre disposition vendredi ou dimanche, de quatre à six heures du soir, 11, rue Véron, à Montmartre.

» Mille sympathies. » Henry Murger.

» P.-S. — Ne prodiguez pas mon adresse. »

Que de charme et que de raison dans ces simples lignes ! À mesure qu’il s’approchait de