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difficile, car Murger interrogeait chacun d’une prunelle dilatée et curieuse ; il avait l’espérance de guérir, et cette espérance il l’a gardée jusqu’à la fin. — Des représentants du ministère d’État, du ministère de l’instruction publique, de la Société des gens de lettres, se succédaient à chaque instant ; le corridor de sa chambre était encombré de tous les amis de sa jeunesse, — et aussi d’amis plus récents qui, dans cette triste circonstance, ont bien mérité des lettres et de l’humanité par un dévouement qui n’a reculé devant aucune abnégation, devant aucune fatigue. Certes, un homme qui s’en va ainsi entouré peut être proclamé un bon cœur et un esprit d’élite ; depuis Béranger, on n’avait pas vu un pareil essor vers un agonisant. Dieu a brisé trop tôt la plume entre ses mains. Jamais plume, cependant, ne fut au service d’une conviction plus honnête, plus attendrie. Il n’a blessé dans sa vie ni un homme ni un principe. Il a constamment refusé de toucher à l’arme dangereuse de la critique. Il tombe dans sa pureté et dans sa liberté.

Voici une lettre inédite d’Henry Murger, écrite peu de mois avant sa mort :