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guérira peut-être ; il faut m’y conduire. — Ah ! vois-tu, j’ai tant envie de vivre à présent, que je consentirais à finir mes jours une main dans le feu, et l’autre dans la tienne. — D’ailleurs, tu viendras me voir. — Il ne faudra pas te faire de chagrin ; je serai bien soigné. On donne du poulet à l’hôpital, et on fait du feu. — J’ai beaucoup d’espérance maintenant. J’ai déjà été malade comme ça, dans le temps, quand je ne te connaissais pas ; on m’a sauvé. Pourtant, je n’étais pas heureux dans ce temps-là, j’aurais bien dû mourir. — Maintenant que nous pouvons être heureux, on me sauvera encore, car je me défendrai joliment contre la maladie. Je boirai toutes les mauvaises choses qu’on me donnera, — et si la mort me prend, ce sera de force. »

Elle l’a pris de force, en effet.

Dès son entrée à la maison Dubois, les médecins le condamnèrent d’un hochement de tête unanime. Le mal faisait, de minute en minute, d’épouvantables progrès. Le dimanche et le lundi, ce fut un véritable pèlerinage à la maison du faubourg Saint-Denis. Peu de personnages, même entre les plus marquants, ont vu à leur chevet autant de fronts douloureusement penchés, autant de regards débordant de larmes. Il fallait pourtant se contenir, et c’était le plus