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ne produisait guère que la valeur d’un roman par an. Le produit de ce roman, tamisé par le journal et par la librairie, rendait un millier d’écus tout au plus. Si l’on ajoute une rente d’une moyenne de trois cents francs pour les droits en province de la Vie de Bohème et du Bonhomme Jadis, quelques regains inattendus, les bonnes fortunes du petit journalisme, on arrivera aux appointements d’un teneur de livres ; mais on ne les dépassera pas. Inégalement répartis, c’est-à-dire à des intervalles trop fréquents ou trop éloignés, ces quatre mille francs pouvaient-ils apporter une régularité bien grande dans une existence déjà acquise à la poésie et aux entraînements du cœur ? — Les besoins d’un écrivain ne sont pas ceux du premier venu : il ne lui faut pas seulement du pain et un logement ; le loisir, les voyages, les roses, les réunions lui sont indispensables. — Tout compte vu, on devrait interdire l’exercice de la littérature à ceux qui, comme Henry Murger, n’ont ni famille ni moyens d’existence. Ce serait plus vite fait, et il n’y aurait sur leur tombe ni lamentations ni malédictions.

Le gouvernement de l’Empereur avait entrevu ce problème : une pension avait été récemment accordée à Henry Murger. Il n’en a touché que le premier trimestre.